L'arbre ou la pirogue - Le dilemme du voyageur : entre besoin de stabilité et désir d’explorer

Bâtir une famille et se poser, ou partir vers plus d'aventures et de liberté ? C’est la question que semblent se poser beaucoup de personnes. Est-ce propre à l'humain ou plus spécifique à ma génération ?

Laura, Travel Planner

tout quitter pour voyager
tout quitter pour voyager

Le dilemme de l’arbre et de la pirogue

“Lis-moi si tu veux toujours être ailleurs que là où tu es”, telle est la note rédigée par une libraire à Marseille, qui a créé une “librairie-pharmacie”, et conseille des “livres pour soigner”, en fonction des événements ou des phases de vie que l’on traverse.

Le dilemme de l’arbre ou de la pirogue aborde tout à fait cette thématique.

Mythe mélanésien de l'Arbre et la Pirogue

"Tout homme est tiraillé entre deux besoins : le besoin de la Pirogue, c'est-à-dire du voyage, de l'arrachement à soi-même, et le besoin de l'Arbre, c'est-à-dire de l'enracinement, de l'identité.
Les hommes errent constamment entre ces deux besoins, cédant tantôt à l'un, tantôt à l'autre. Jusqu'au jour où ils comprennent que c'est avec l'Arbre que l'on fabrique la Pirogue."

Être tiraillé entre le besoin de stabilité et le désir d’explorer. Construire ou partir.
Bâtir une famille (se poser), ou partir (fuir ?) vers plus d'aventures et de liberté.

C’est la question que semblent se poser beaucoup de personnes de ma génération.

Tout quitter pour voyager,
le chemin du bonheur ?

Une quête générationnelle ?

Pour nos parents ou nos grands-parents, le destin semblait tout tracé.

C’est ce que j’ai réalisé en discutant avec celle que je surnomme ma “Mamie du Canada”. C’est la sœur de mon grand-père, elle a plus de 90 ans, et quand j’ai logé chez elle pendant mon voyage au Québec, j’en ai profité pour savoir quelle avait été sa vie.

“À peine majeure, je me suis mariée avec un garçon rencontré au bal du village, que ma famille connaissait. Moi, je voulais faire des études et devenir couturière, mais très vite, nous avons eu des enfants. J’en ai eu six en tout. Je les ai élevés, je m’occupais de la maison et je travaillais pour mon mari . Si j’avais pu, j’aurais eu moins d’enfants. Ce n’est qu’une fois veuve et à la retraite, que j’ai commencé à vivre pour moi. J’ai suivi mon fils au Canada. Aujourd’hui, ça fait 40 ans que je vis ici”.

Ma génération de “Millenials” a plus de possibilités.

Dans une société mondialisée et sur-connectée, il est plus facile de voir ce qu’il se passe ailleurs. Émissions TV et Réels Instagram nous font rêver. Le voyage s’est démocratisé.
Les avions sont devenus moins chers que les trains.

En quelques clics, on trouve de quoi organiser ses prochaines “vacances pas chères” ou dénicher un séjour tout compris.

Pour les plus aventuriers, Internet regorge de blogs et de vidéos YouTube pour les aider à voyager seul ou partir faire le tour du monde en sac à dos.

Cette pirogue m'a menée au cœur de la jungle amazonienne à Rurrenabaque, Bolivie

Parfois, j'ai du mal à croire que j'ai
vécu tout ça...

plus belle plage au Brésil
plus belle plage au Brésil

L’herbe est-elle vraiment plus verte ailleurs ?

Cette décision de partir, c’est celle que j’ai prise quand, à 25 ans, j’ai quitté mon CDI pour voyager seule pendant un an.

J’ai négocié une rupture conventionnelle, j’ai rendu mon appartement, réuni mes cartons chez ma mère. J’ai dit au revoir à tout le monde, et je suis partie.

Je voyais ce voyage comme une véritable quête de sens, à la recherche de réponses :

Qui suis-je ? Qu’ai-je envie de faire de ma vie ? Quelle valeur j’apporte au monde ?

Aller à la rencontre du monde, pour se trouver soi-même.

Tel était le but de la plus belle aventure de ma vie.
J'ai traversé l’Amérique latine, du Costa Rica au Brésil, en passant par la Colombie,
le Guatemala, le Mexique, le Pérou, la Bolivie, le Chili ou encore l’Argentine.

Un outil japonais de développement personnel traite parfaitement de ces questionnements profonds.

“L'Ikigai” vise à une introspection pour une meilleure connaissance de soi.

L’Ikigai aide à trouver une raison de se lever le matin, ou plus exactement le point de convergence entre :

- Ce que tu aimes
- Ce dans quoi tu es bon
- Ce pourquoi tu pourrais être rémunéré
- Ce dont le monde a besoin

Ce serait donc notre raison d’être.

Au Brésil, l'herbe est effectivement plus verte qu'ailleurs

En voyage au long cours, et comme pour beaucoup de voyageurs “backpackers” et “tourdumondistes”,
ce tiraillement continuait, je me disais parfois :

Qu’est-ce que tu fais là ? Qu’est-ce que tu fuis ? Ok, tu kiffes, tu vis ta meilleure vie.

Chaque jour est différent. Tu nages avec des tortues, tu escalades des montagnes, tu gravis des volcans, tu traverses tout un continent, tu changes de lit chaque nuit,
tu t’adaptes à toutes les situations, tu rencontres des centaines de personnes à travers le monde…

Mais qu’est-ce que tu construis vraiment ?

Tu vois bien que tes potes restés en France se marient, se mettent en couple, font un bébé, achètent une maison. Et toi, t’es là, toute seule, sur la plus belle plage du Brésil.

L'Ikigai, votre raison d'être

Il n'y a pas qu'un seul chemin

Je connais des gens qui n'ont pas ce tiraillement de l’arbre et de la pirogue.

Comme tout le monde, ils aiment prendre des vacances une ou deux fois par an, mais le voyage ne les attire pas plus que ça.

Eux, seraient très heureux de rester toute leur vie dans le village qui les a vu grandir, tout près de leurs parents et de leurs grands-parents. Ils n’aspirent à rien d'autre qu’à une vie de famille heureuse.
Et c’est très bien comme ça.

Je me dis que ce doit être si reposant de penser de cette manière. D’apprécier le moment présent, sans chercher à avoir toujours plus, toujours mieux. Sans chercher à être ailleurs.

De quelle équipe fais-tu partie ? Celle de la pirogue ou bien celle de l’arbre ?
Ou bien un peu des deux à la fois ?

rio de janeiro brésil
rio de janeiro brésil

Voyage : jour 1 versus jour 365

La conclusion de ce mythe venu de l’archipel du Vanuatu est :
“C'est avec l'Arbre que l'on fabrique la Pirogue”. Cette phrase pousse à la méditation.

Mon âme de voyageuse aurait plutôt pensé l’inverse, que c’est avec la pirogue
(l’exploration par le voyage ou par le fait de changer de métier, les expériences vécues pour sortir de sa zone de confort, la capacité à suivre ses rêves), que l’on fabrique l’Arbre (la connaissance de soi et la création de son identité, le fait d’apprendre à s’aimer pour ensuite aimer autrui et ainsi bâtir une sécurité pérenne).

La société a tendance à nous montrer un seul chemin tout tracé, mais en réalité, il en existe des milliers.

- Tu n'es pas obligé de démissionner pour voyager :
tu peux faire un Erasmus, un PVT (Programme Vacances Travail), des volontariats ou t’expatrier en faisant un VIE (Volontariat Inter Entreprise) pour voyager en étudiant ou en travaillant.
Il existe plein de façons différentes de voyager.

- Tu peux tester des choses et te rendre compte que ce n’est pas pour toi

- Tu peux aimer voyager puis avoir envie de te poser (ou l’inverse)

- Tu peux construire une vie de famille tout en voyageant (et faire famille autrement que selon le schéma imposé).

Chaque personne est différente, mais ce à quoi on aspire toutes et tous, c’est le bonheur.

agence de voyage marseille
agence de voyage marseille

“Sur une échelle de 1 à 10”, à combien êtes-vous heureux ?”

Si vous avez répondu 7/10, alors vous êtes dans la moyenne des Français.
Quand on pose cette même question dans d’autres pays, ce chiffre varie.

C’est justement ce qu’a fait Cyrus North, se rendant tour à tour à Los Angeles, sur la côte ouest des Etats-Unis, là où le niveau de vie est l’un des plus élevés au monde et où les gens sont libres, puis en Libye, dans un camp de réfugiés de guerre venus de Syrie.

Lorsqu’il pose la question de l’échelle du bonheur aux personnes qu’il rencontre, il est surpris de constater que la moyenne des chiffres donnés est identique ou plus élevée chez ceux qui ont tout perdu à cause de la guerre (leur maison, leur ville ou même plusieurs de leurs proches), que pour ceux qui courent après les possessions matérielles, se questionnent sur leurs choix de carrière, et se demandent comment ils vont bien pouvoir rembourser leur prêt étudiant astronomique, de l’autre côté du globe.

C’est le concept “d’adaptation hédonique”, abordé par Dan Gilbert dans sa vidéo Ted “The surprising science of happiness”.

Il explique que peu importe les événements (dramatiques ou positifs) de notre vie, on finit toujours, au bout d’un certain temps, par revenir au même niveau de bonheur. C’est ce qui a été étudié auprès de deux typologies de personnes : celles qui viennent de gagner au Loto, et celles qui se voient devenir paraplégiques.

"Peu importe les changements positifs ou négatifs ou les changements majeurs dans notre vie, on revient assez vite à un niveau de bonheur stable. On pense qu'on sera plus heureux en ayant une certaine voiture ou une certaine maison, et une fois qu'on l'a, on revient assez vite à un niveau de bonheur stable. C'est pour ça qu'en anglais, on parle de "Hedonic Treadmill", ou tapis roulant hédonique. En fait, on croit courir sur la route du bonheur, mais on fait du sur-place".

Cette étude scientifique montre qu’il est possible de créer son propre bonheur, de le synthétiser.

L’enjeu serait donc, non pas de chercher la joie constante, par les stimuli extérieurs, en cherchant à vivre toujours plus intensément, mais la recherche du bonheur durable, ou plutôt le fait d’augmenter, ne serait-ce que d’un point ou deux, notre échelle de satisfaction générale.

Dans sa conclusion, il dit que dans le cas où l’on parle de rendre à ceux qui ont tout perdu, il s'agit plutôt d'une question de justice et de dignité. Le bonheur et la satisfaction ne sont donc peut-être pas au-dessus de tout.

La question de l’Arbre et de la Pirogue, c’est celle que je me suis posée pendant tout mon voyage d’un an.

Aujourd’hui, je suis rentrée en France et je continue d’y penser.
Je suis curieuse de connaître ton avis et d’en discuter.

Face aux plus beaux paysages
que j'ai vu de ma vie, j'aurais dit 10/10

voyage tout compris
voyage tout compris

Toi aussi, tu veux vivre le plus beau voyage
de ta vie ?

Je suis Laura, Travel Planner spécialiste du voyage solo.
J'ai vécu en Espagne, en Italie et au Canada.

En 2022, je voyage seule en Amérique latine, du Costa Rica au Brésil, en passant par la Colombie, le Pérou ou encore l’Argentine.

À mon retour en France après un an de voyage solo, je me lance en freelance en tant qu’organisatrice de voyages sur mesure et fonde Rayona, afin d’aider d’autres personnes à vivre un voyage authentique.

J'organise ton voyage sur mesure : Découvre les étapes clés

Laura, Travel Planner

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Laura voyage Travel Planner
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Sources de l'article

1) Être tiraillé entre l’arbre et la pirogue : Mythe Mélanésien (article de blog)
https://dev-perso.com/etre-tiraille-entre-larbre-et-la-pirogue/

2) Image Ikigai lien

3) Êtes-vous vraiment heureux ? - Cyrus North (vidéo)
https://www.youtube.com/watch?v=2TSgU6Vjfqw&t=0s

4) The surprising science of happiness | Dan Gilbert - TED (vidéo)
https://www.youtube.com/watch?v=4q1dgn_C0AU